L’entreprise apparaît à la fois comme une unité économique de production et de répartition.
Une organisation sociale est un système politique, le poids de ces différents dimensions étant
variable en fonction de la nature, de l’activité du statut juridique de l’entreprise et de sa taille.
a- L’entreprise, unité de production et de répartition :
La mission de production de biens ou de service vendus sur un marché est la dimension la plus
évidente de l’entreprise. Cette dernière réalise une combinaison productive à partir de
ressources en hommes et en moyens, matériels, technologies, financiers. Elle crée de la valeur
par la transformation de ces inputs en outputs (produits semi-finis ou finis, services). Cette
approche traditionnelle de la création de richesse, mesurée par la valeur ajoutée, a longtemps
conduit les économistes et les gestionnaires à privilégier la fonction technique de production.
b- L’entreprise, organisation sociale :
L’entreprise est un lieu où se rencontrent ceux que les sociologues appellent des «acteurs
sociaux », c'est-à-dire des individus et des groupes plus ou moins institutionnalisés. Les
hommes et les femmes impliqués dans l’entreprise sont porteurs de compétences diverses et
de savoir-faire mis à la disposition de l’organisation, au sien d’une structure qui les met en
relation. Il sont donc insérés dans un réseau de flux physiques et flux d’information. Assurer la
cohérence d’ensemble du système suppose une certaine communauté d’objectifs entre les
participants à l’organisation, la mise en place de procédures de coordination, de coopération et
de communication.
Mais les individus sont aussi porteurs d’aspirations à l’organisation, chacun cherche à satisfaire
plusieurs catégories de besoins, comme l’ont montré les travaux de l’école des relations
humaines, en particulier ceux de Maslow : accès à un emploi et donc à un revenu, besoin
d’appartenance à un groupe, besoin de reconnaissance, besoin d’accomplissement personnel.
Cette dimension sociale de l’entreprise renvoie aux réflexions sur la motivation et, de ce fait,
rejoint les préoccupations de nature économique. Une réelle implication du personnel est, en
effet, la garantie d’un consensus social qui permettra à l’entreprise d’atteindre des
performances économiques de haut niveau.
Les débats sur la dimension sociale de l’entreprise s’élargissent aujourd’hui à des
considérations plus « sociétales ». Les difficultés croissantes du marché du travail tendent à
remettre en cause le rôle de l’entreprise comme lieu privilégié d’insertion dans la société et
comme vecteur de développement social. Des exemples récents (par exemple, l’annonce par
Renault de la fermeture d’une usine en Belgique) mettent en évidence l’importance, mais aussi
les limites du rôle des entreprises comme acteurs structurants su tissu économique et social.
Plus généralement, c’est la place de l’entreprise en tant qu’institution sociale qui est alors en
question. Quel rôle joue-t-elle comme instance de régulation au sein de notre société ?
L’entreprise est un lieu d’insertion, mais une proportion croissante de personnes n’y a pas
accès. D’où l’émergence de nouveaux thèmes de réflexion, notamment autour de l’idée d’une
« citoyenneté de l’entreprise », traduisant l’idée que celle-ci a des droits et des devoirs envers
la société.
c- L’entreprise, système politique :
L’entreprise est un lieu d’affrontements, d’antagonismes, de conflits, liés à des ambitions
personnelles ou à des oppositions d’intérêts collectifs. Les jeux de pouvoir dans les
organisations sont nombreux et difficiles à cerner, la notion de pouvoir étant elle-même
complexe. En effet, elle ne se limite pas à l’influence exercée par un individu ou un groupe sur
l’ensemble de la structure. Plusieurs sources de pouvoir existent : celui, juridique et financier,
porté par les détenteurs du capital, celui, issu de la compétence, détenu par la technostructure
et les managers, celui des salariés représentés par leurs syndicats. A cela, il faut ajouter les
pouvoirs exercés de l’extérieur, les mouvements de consommateurs en constituant une bonne
illustration